Messires, ouvrez grandes vos oreilles !
Il y avait jadis un riche paysan qui vivait dans une ferme. Dans une très grande ferme. Il travaillait ses terres avec sa femme. Il travaillait dur et possédait de nombreux cochons.
Le paysan était fortuné et gardait toute sa richesse pour lui.
Le paysan, qui avait toujours peur de manquer de viande, tua un de ses cochons et mit de côté un jambon salé pour l’hiver. Deux frères qui n'avaient rien dans le ventre depuis plusieurs jours vadrouillaient à la recherche d’un bon rôti, d’une soupe au lard ou d’un pâté bien gras.
On ne cesse pas d’avoir faim quand on a faim.
Dans l’obscurité les frères entendirent grogner des cochons. Ils se précipitèrent bruyamment dans la ferme, sûrs de trouver quelque chose à se mettre dans la panse. Le vacarme réveilla le paysan qui sortit voir ce qui se passait.
C'est alors que l'un des frères, qui était malin, rentra dans la chambre et se fit passer pour le mari.
« J’ai une faim de loup, j’ai perdu la mémoire, où as tu rangé le jambon ?
-Mais enfin, mon ami, dans le grenier ! Mais qu’est ce qui t’arrive ? »
Entre temps le paysan surprit l’autre frère devant la porte de sa chambre.
« Qui es-tu vaurien ? Que fais-tu là ?
-Chut !!! Il y a un homme à faire peur dans ta chambre et il questionne ta femme. Va vite chercher une hache. Seul on n'y arrivera pas »
Le paysan affolé exécuta ses ordres sans réfléchir. Pendant ce temps, les deux voleurs se précipitèrent dans le grenier. Le paysan revint dans la chambre en courant, la hache à la main.
« Est-ce qu’il est bon ? lui demanda la paysanne qui songeait encore à la faim de loup qui avait tiré son mari hors du lit.
-De quoi ? Il est où, le voleur ?
-Oh ! Il faut que tu te reposes, tu n’as plus toute ta tête ! Mais quel voleur ?
-Mais le voleur ! Celui qui était à côté de toi !
-Mais c’était toi le voleur, tu étais là près de moi. Tu m’as demandé où était le jambon.
-Oh ! J’ai compris, il y a des voleurs dans la maison, viens vite !»
Ils se précipitèrent dans le grenier et surprirent les voleurs en train de voler le jambon.
Les voleurs ne restèrent pas demander leurs restes, ils prirent leurs jambes à leur cou.
Et voici la morale de cette histoire, Messeigneurs : Qui vole un œuf, vole un bœuf !