Un À supposer… est un texte en prose (mais peut-être un poème en prose) composé d’une phrase unique très développée, initiée par la formule : « À supposer qu’on me demande ici de… » Pas de ponctuation forte au milieu de la phrase, qui laisserait entendre qu’il y a plusieurs phrases. Un À supposer… sérieux compte au moins 1 000 signes (200 mots).

À supposer qu’on me demande ici de défendre mon choix d’un livre, pour qu’il soit publié ou qu’il soit republié avec éventuellement des illustrations qui en feraient par exemple un roman graphique, je me trouverais confrontée à un choix très difficile, voire à un dilemme cornélien que très peu de mes amis ou de mes relations seraient capables de relever à tel point que ce choix nécessiterait sans doute des heures des jours, des semaines, des mois, des années même, car il reviendrait à écarter des dizaines d’autres possibles si bien que j’y réfléchirais longuement et tergiverserais beaucoup entre un roman qui fait rêver, qui tient en haleine et vous emporte tout en vous faisant réfléchir tel Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez ou alors Guerre et Paix de Léon Tolstoï à moins que ce ne soit Anna Karenine, mais pourquoi pas aussi A la recherche du temps perdu de ce cher Marcel Proust, ou encore les Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar, ou bien La vie devant soi de Romain Gary, à moins que ce soit Belle de seigneur d’Albert Cohen, mais pas de raison de se cantonner aux romans quand il y a aussi Henry Michaux et La nuit remue ou Verlaine et ses Romances sans paroles sans oublier les inénarrables Cronopes et Fameux de Julio Cortazar et j’en passe, mais déjà, je m’en mords les doigts si bien que, oui, vraiment, je démissionne !
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