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Interview de Cunégonde et de la vieille
Bonjour et bienvenue pour un nouveau numéro de
“LES LIVRES N’ONT PLUS DE SECRET POUR NOUS”
Aujourd’hui avec nous Cunégonde et la vieille si je peux me permettre de vous appeler de la sorte.
La vieille : Hélas vous avez le droit de m’appeler de la sorte car il faut en tous points voir les choses de la bonne manière et je suis, il faut bien se le dire, vraiment vieille !
Très bien, je vous appellerai donc ainsi tout au long de cette émission. Si nous sommes ici aujourd’hui c’est évidemment pour parler vous l’avez deviné grâce aux noms de nos invitées du livre Candide écrit par Voltaire en 1759.
Alors, voici ma première question, destinée à la vieille:
Le mag. : -Comment jugez-vous le traitement que l’on vous accordait durant votre enfance ?
La vieille : -Durant mon enfance je n'avais pas les yeux éraillés et bordés d'écarlate; mon nez ne touchait pas à mon menton. Je suis la fille du pape Urbain X, et de la princesse de Palestine. On m'éleva jusqu'à quatorze ans dans un palais auquel tous les châteaux de vos barons allemands n'auraient pas servi d'écurie ; et une de mes robes valait mieux que toutes les magnificences de la Westphalie. Je croissais en beauté, en grâces, en talents, au milieu des plaisirs, des respects et des espérances. J'inspirais déjà de l'amour, ma gorge se formait ; et quelle gorge ! blanche, ferme, taillée comme celle de la Vénus de Médicis ; et quels yeux ! quelles paupières ! quels sourcils noirs ! quelles flammes brillaient dans mes deux prunelles, et effaçaient la scintillation des étoiles, comme me disaient les poètes du quartier. Les femmes qui m'habillaient et qui me déshabillaient tombaient en extase en me regardant par−devant et par−derrière, et tout les hommes auraient voulu être à leur place.
Le mag : -Et vous Cunégonde en était-il de même durant votre enfance ?
Cunégonde : -Oui, j'étais la fille de M. le Baron de Thunder-ten-tronckh, un des plus puissants barons de la Westphalie, j'étais fraîche, haute en couleur, appétissante et j’avais un goût particulier pour la philosophie et les mathématiques.
Le mag : -Nous pouvons donc dire qu’au XVIII siècle les jeunes filles étaient très bien traitées ?
Cunégonde : -Non toutes les filles n’étaient pas si bien traitées. Les filles les plus riches étaient très bien traitées c’est vrai, elles recevaient une bonne éducation et avaient tout ce qu’elles voulaient mais j’ai connu une fille, je ne citerai pas son nom mais elle n’avait aucun quartier de noblesse et était très pauvre. Dès ses sept ans elle dû aller travailler dans les champs pour payer les médicaments de sa mère qui était, à l’époque malade.
Le mag : -Ah oui la place des jeunes filles dans la société dépendait donc de leur noblesse et de leur richesse.
La vieille : -Oui dans la société de 1759 la classe sociale de vos parents vous changeait énormément la vie. Et les familles les plus pauvres avaient une fille horrible.
Le mag : -Je suis bien contente que la société ait évolué. Et la vie des jeunes femmes était elle la même que celle des jeunes filles. Étiez-vous aussi bien traitées ?
Cunégonde : -Pour moi la vie de jeune femme a été très dure, le château de mon père a été massacré par les Bulgares et toutes ma famille a été tuée. Pendant l’invasion j’ai été violée deux fois et j’ai reçu des coups de couteau. Un des chefs Bulgares m’a prise comme servante et il me traitait comme un objet, je devais faire tout ce qu’il disait dans la seconde ou j'étais punie. Ensuite deux personnes se sont battues pour moi comme pour une marchandise et ont fini par se mettre d’accord en me prêtant la moitié du temps à l’un et l’autre moitié à l’autre. Ma vie a ensuite été très compliquée je suis passée par de nombreuses maisons et à chaque fois on me traitait sans aucune considération.
Le mag : -Ça n’a pas dû être facile surtout que vous veniez d’une famille riche et aisée.
Cunégonde : - Les origines n’ont rien à voir là-dedans toutes les filles étaient traitées comme cela à notre époque sauf si elles restaient au château de leur famille.
Le mag : -Et vous La vieille qu’est-ce que vous en dites ?
La vieille :- Je suis du même avis que Mlle Cunégonde; j’ai eu une enfance merveilleuse. Mais après de nombreuses péripéties je suis devenue servante pour un juif, c’est là que j’ai rencontré Cunégonde. Tous les hommes me prenaient, comme l’a très bien dit mon ami, pour un objet. J'étais pour eux le plus bas de l’échelle.
Le mag : -Vous êtes donc toutes les deux d’accord pour dire que les femmes occupaient, au XVIIIe siècle au sein de la société une place très variable en fonction de leur âge et de leur richesse.
Cunégonde : - Oui absolument, les plus riches sont très bien traités alors que les autres sont considérés comme des animaux.
La vieille : -Exactement.
Le mag : -Très bien, c’est la fin de ce numéro. Merci beaucoup pour le temps que vous nous avez accordé, ce fut un grand plaisir.
Cunégonde : -De rien ce fut un plaisir pour nous aussi.
La vieille : - Merci à vous de nous avoir laissé nous exprimer.
lien vers le fichier en .pdf http://ahp.li/3d544b65c1fa933cd5dc.pdf
La Condition féminine au XVIIIe siècle d’après Candide de Voltaire.
Interview de la vieille et de Cunégonde
Journaliste : La vieille, Voltaire vous appelait ainsi, alors puis-je continuer ainsi ? La vieille: Il n’y a aucun problème, c’est mon nom. Journaliste : Alors, vous et Mlle Cunégonde allez nous parler aujourd’hui de la condition féminine au XVIIIe siècle et des différentes façons dont vous avez été traitées au cours de votre vie. Nous allons commencer avec vous, La Vieille qui avez connu des épreuves infranchissables. | La Vieille : Avec du recul, beaucoup de femmes ont été traitées de la même manière, on ne choisissait pas notre mari et ni notre futur. Certaine se plaignent mais sont loin d’avoir vécu toutes les misères du monde. J’étais sûre de moi et je me savais belle : «Je croissais en beauté, en grâces, en talents, au milieu des plaisirs, des respects et des espérances. J'inspirais déjà de l'amour, ma gorge se formait; et quelle gorge ! blanche, ferme, taillée comme celle de la Vénus de Médicis ; et quels yeux ! quelles paupières ! quels sourcils noirs ! quelles flammes brillaient dans mes deux prunelles, et effaçaient la scintillation des étoiles, comme me disaient les poètes du quartier. Les femmes qui m'habillaient et qui me déshabillaient tombaient en extase en me regardant par devant et par derrière, et tous les hommes auraient voulu être à leur place.» « Je ne vous dirai point combien il est dur pour une jeune princesse d'être menée esclave à Maroc avec sa mère.» Cunégonde : Pour moi, tout est bien différent. Je n’aimais qu’un seul homme. Mes conditions de vies sont passées du rêve à l’enfer, en quelques jours je suis devenue un simple animal, L’épisode le plus traumatisant pour moi dans ce compte fut la destruction de ma famille et la perte de ma virginité par la faute d’un de ces Bulgares. « J'étais dans mon lit et je dormais profondément, quand il plut au ciel d'envoyer les Bulgares dans notre beau château de Thunder-ten-tronckh ; ils égorgèrent mon père et mon frère, et coupèrent ma mère par morceaux. Un grand Bulgare, haut de six pieds, voyant qu'à ce spectacle j'avais perdu connaissance, se mit à me violer ; cela me fit revenir, je repris mes sens, je criai, je me débattis, je mordis, j'égratignai, je voulais arracher les yeux à ce grand Bulgare, ne sachant pas que tout ce qui arrivait dans le château de mon père était une chose d'usage : le brutal me donna un coup de couteau dans le flanc gauche dont je porte encore la marque. » Journaliste : La vieille, cette question est pour vous. Nous connaissons votre horrible passé, et vous vous en aviez d’ailleurs parlé, lors d’un de vos passages. Vous en rappelez-vous ? La Vieille : Oui tout à fait. Aujourd’hui je me rends compte que la société a changé, vous rendez vous compte qu’à un moment les hommes affamés mangeaient les femmes? Oui, « Au bout de quelques jours, [les hommes] résolurent de manger les femmes.»Trouvez-vous cela normal, alors que les hommes et les femmes sont presque totalement identiques. |
Journaliste: En effet, tout cela n’est pas très normal, Cunégonde, La Vieille, merci beaucoup de vos témoignages. Les lectrices de ce magazine y trouveront sûrement matière à réflexion.
Les Romains utilisaient ce joli nom de libellulus pour désigner les petits cahiers, les livrets, les opuscules.
Gageons que ce libellulus des temps modernes en sera un digne successeur. Il présente en tous cas au moins deux avantages sur son ancêtre : il est amplement partageable et extensible !
Le voici prêt pour accueillir, conserver, partager créations littéraires, expressions écrites de classe ou rédactions libres.
Du calame au stylet, de la plume d'oie au clavier, l'aventure de l'écriture ne demande qu'à se renouveler.
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