Jean-Christophe Tixier est venu rencontrer la classe le mardi 13 novembre 2018 dans le cadre de l’étude en français de son roman La Traversée qui a suivi l’étude de « la question des migrants dans la presse » et s’inscrit dans le cadre d’un EPI Français-histoire-géographie.
Jean-Christophe Tixier est écrivain professionnel depuis ses 38 ans c'est-à-dire depuis quinze ans. Il écrit pour la jeunesse et pour les adultes. En ce moment il travaille sur une bande dessinée. Son livre favori est Voyage au centre de la Terre de Jules Verne qui est son écrivain préféré.
A l’école, il n’aimait pas beaucoup les rédactions. Il a commencé à écrire pour sa famille lorsqu’il était jeune, notamment un récit sur l’histoire de sa grand-mère. Ce récit avait remporté un tel succès qu’il a déclenché son envie d’être écrivain. Ce récit a pour titre « Rosalie », nom de la voiture de cette époque. Il raconte la migration de sa grand-mère avec ses enfants lors de l’invasion de la France par l’Allemagne. « C’était aussi une affaire de migrants », explique-t-il.
Il estime que le métier d’écrivain n’est pas difficile. Il n'a jamais souffert du syndrome de la page blanche. Il faut être curieux pour « emplir ses réservoirs » de connaissances diverses afin de nourrir son imagination. Il faut aussi « se poser beaucoup de questions » et se donner du temps pour évoquer mentalement les personnages et l’histoire.
Jean-Christophe Tixier écrit dès qu’il a des idées, sur sa tablette. Ses stratégies pour écrire des récits sont de prendre le point de vue des personnages et d'attiser la curiosité du lecteur dès le premier chapitre, par exemple en commençant par la fin.
Quand un livre est fini, il l'envoie à quelqu'un qui le lit et dit ce qu'il en pense. S’il est jugé intéressant, il part à l’éditeur qui propose des modifications ou des corrections. Enfin il est envoyé à l'imprimerie et est vendu au lecteur si la présentation choisie par l’éditeur donne envie de le lire.
En ce qui concerne le roman La Traversée, son but était de sensibiliser les personnes de notre âge à la situation des migrants. Il a mis deux ans en tout à écrire ce livre entre la recherche des idées qui a été longue, les deux mois d’écriture puis les ajustements avec l’éditeur. Ce roman a été publié en 2017. Il ne craint pas que la fin de son livre déçoive les lecteurs. Il l’a choisie car il ne voulait pas que cette fin soit comme celles des contes de fées car les traversées de migrants ne se terminent jamais parfaitement . Pour écrire ce roman, il ne s’est pas inspiré directement de personnes réelles. Ce n’est que plus tard, après la publication, qu’il est allé à Calais.
En effet, il a fait un voyage à Calais après avoir écrit son roman. Calais est le plus grand camp de migrants de France. Ils veulent aller en Angleterre car là-bas on peut travailler sans avoir de papiers ce qui n’est pas possible en France. Or les migrants n’ont pas de papiers car ils ne peuvent pas se présenter dans une administration de leur pays pour en demander : ce serait le signe qu’ils veulent s’enfuir, ils seraient arrêtés.
Il a rencontré beaucoup de migrants à Calais, il a parlé avec eux. Certains lui ont montré les traces des tortures subies au cours de leur migration. Des passeurs torturent les migrants pour obtenir de l’argent de leur famille. Il a rencontré des Érythréens qui fuient le régime de dictature qui les réduit en esclavage en les obligeant à faire un service militaire à durée indéterminée. D’autres migrants fuient la misère, le manque de perspectives, ils veulent une vie meilleure où les enfants peuvent aller à l’école, les malades peuvent être soignés... Pour qu’il y ait des écoles, des hôpitaux ou des routes, il faut des impôts et un État assez organisé et assez riche pour cela. Entre un avenir zéro dans leur pays et une chance même très réduite d’avoir une vie meilleure, ils choisissent la chance réduite. A Calais, il y a avait des barbelés, on les a complétés par des lames de rasoir mais cela ne les arrête pas car c’est encore mieux qu’un avenir zéro. A son départ de Calais, certains lui ont dit qu’avec lui, ils ont eu l’impression de redevenir des humains.
A la fin de la séance, JC Tixier nous a proposé un atelier d’écriture sans papier et sans crayon : il nous a fait évoquer une scène dans la cour enneigée de l’école. Ensuite quelques-uns ont raconté et il a nous a montré qu’à ce moment-là il s’agit de chercher les mots justes : l’enfant ne met pas ses bras sur ses yeux, il met plutôt ses mains sur ses yeux…
Cette rencontre a duré deux heures, à peine le temps pour les dédicaces. Elle a été très riche.
Notes des 4e D numérisées par Marie, Arthur et Quentin P