Je vais vous raconter l'histoire qui est arrivée à mon maître il y a dix ans. C'était en l'an 1130, j'étais simple écuyer à l'époque. Mon maître, Baron de Saint Brieuc, me traitait comme un esclave et ne portait guère attention à ma pitoyable existence, en dehors de mes services.
Il n'avait besoin de moi que pour seller son cheval afin de rendre visite secrètement à la fille du Duc de Bretagne. Leur amour était violent et tumultueux tel un orage en plein été. Pour plus de sûreté, il allait en pleine nuit au château du Duc, ce qui ne m'arrangeait pas, moi qui paresseux de nature, aimait dormir.
Mais un soir, alors que les deux tourtereaux étaient en train de s'enlacer, le Duc, père de la jeune fille, les prit en flagrant délit.
Fou de rage, il engagea une terrible bataille contre son adversaire, le Baron de Saint Brieuc. Comm cela n'y changea rien, le duc proposa un duel à son adversaire.
Le jour convenu, les deux hommes étaient au rendez-vous. Ils mirent leur lance à feu dans un champ semé d'avoine mêlée de blé sauvage. Ils se faisaient face à une trentaine de mètres d'écart. Soudain, sans crier gare, le duc s'élança tel un faucon pourchassant une proie. Son adversaire le voyant foncer sur lui prit du champ et à son tour dévala le champ tel l'éclair. Chacun des chevaliers jouait tellement des
éperons que des taches rouges apparurent sur les flancs de chacun des destriers et ceux-ci hennirent de douleur. Cependant aucun des cavaliers n'y prêta attention, obstiné par le but de desarçonner l'adversaire.
Les destriers continuèrent leur course, mais soudain, le duc fut pris d'une terrible crampe à la jambe et lors du coup qu'il porta à son adversaire, il fut projeté à terre. Sous l'emprise de la douleur, il demanda grâce et le baron, en preux chevalier, la lui accorda. Il épousa un an plus tard la fille du duc et ils eurent beaucoup d'enfants.