À supposer qu’on me demande ici de composer un poème en prose d’au moins mille signes c’est-à-dire d’au-moins deux cents mots, je commencerais par chercher un thème, révolution multicolore, fanfare et défilé, pluie sur la Bretagne, parfum de chocolat chaud, voyage au Brésil, pieds dans l’eau, mains dans la gouache, vacances en famille, soirée cinéma, promenade sous les tilleuls verts, désert rouge à perte de vue ou que sais-je encore, puis je choisirais des mots, de jolis mots bien sonores, charivari, cliquetis, cocoricos, clapotis, bien parfumés, suaves, sucrés, fleuris, capiteux, bien colorés, rubis, émeraudes, vermillons, lapis-lazulis, et aussi des mots plus éthérés, rêves floconneux, songes et promesses, de ferventes utopies et des poésies savantes, je conjuguerais malentendus et bien entendus, neiges et soleils, acide et amer, sucré et salé, songes et mensonges, et puis je convoquerais des poètes, Ronsard et Rimbaud, Baudelaire et René Char, Verlaine et bien sûr ce cher Henri Michaux et même des romanciers, dramaturges et écrivains de tout poil, Tardieu, Camus et Sartre, Beckett, Gogol, Sépulvéda, Shakespeare, Duras, Tolstoï, bien entendu Garcia Marquez et beaucoup, beaucoup d’autres encore, j’inviterais aussi Gauguin, Chopin, Nicolas de Staël, Beethoven, Berlioz et Ken Loach, des châteaux en Espagne et d’autres en Bavière, la perspective Nevski et les Champs Élysées et de tout cela enfin naîtrait mon poème en prose de deux cent vingt six mots exactement.
OuLiPo,contrainte du mois http://www.oulipo.net/contraintes/docs/a-suppposer