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1 octobre 2024 2 01 /10 /octobre /2024 13:30

C'est là qu'est né Montesquieu en 1689 dans un château médiéval entouré de douves formant un grand miroir d'eau régulé par un système d'écluses. C'est là qu'il a écrit Les Lettres persanes qui lui ont valu l'entrée à l'Académie française. Là aussi qu'il a écrit de nombreuses pages de L'Esprit des Lois c'est à dire les grands principes fondateurs de la démocratie moderne.

Conseiller au Parlement de Bordeaux puis élu à l'Académie des sciences de Bordeaux puis grâce aux Lettres persanes à l'Académie française, voyageant à travers toute l'Europe (Autriche, Allemagne, Angleterre) il fréquente les salons parisiens et ne séjourne que pour de courtes périodes dans son domaine de La Brède où pourtant il possède une centaine d'hectares qui lui permettent d'avoir un pigeonnier d'une centaine de couples de pigeons. Cette propriété terrienne, Montesquieu l'étend jusqu'à un millier d'hectares, s'assurant une indépendance tant financière qu'intellectuelle, atout précieux pour un philosophe des Lumières !  

Pour se retirer et écrire en paix, Montesquieu s'était dessiné une "charmille" de quatre hectares en forme de double étoile (12 allées, 9 carrefours, 6 ponts) dont certains charmes aujourd'hui furent plantés vers 1724.(voir ci-dessous la video)

Son esprit inventif s'illustre aussi par une grande perspective trompe-l'œil qui s'étend aux abords du château sur un hectare, visible depuis la bibliothèque, un cadran solaire en pierre en forme de globe terrestre...

 

Mais surtout la ferme ou Ménagerie, construite par Montesquieu entre 1726 et 1750 témoigne aujourd'hui de l'esprit ingénieux de Montesquieu. Sa forme en U répartit d'un côté le domaine agricole, de l'autre le domaine viticole : les vignes s'étendaient sur douze hectares et assuraient à Montesquieu un revenu important. Les mûriers dans la cour visaient l'étude des vers à soie.

 

Quant Le

Quant au château lui-même, il a malheureusement conservé peu de traces de Montesquieu : la bibliothèque ne contient plus que deux armoires de livres !

La chambre conserve encore le lit de l'auteur et sa malle qui a parcouru l'Europe avec lui. La chapelle aussi pourrait avoir vu Montesquieu mais dans l'ensemble, l'intérieur du château est assez décevant : le XIXe siècle surtout y a beaucoup modifié la décoration comme dans beaucoup de chêteaux.

Mais revenons à l'essentiel, Montesquieu, il faut le lire encore et encore, il a beaucoup à nous dire ! exetrait choisi des Lettres persanes : 

Lettre CXXXVIII. Rica à Ibsen. À Smyrne.
Les effets du système de Law, tentative de réforme financière sous la Régence en 1720.

     Les ministres se succèdent et se détruisent ici comme les saisons. Depuis trois ans j'ai vu changer quatre fois de système sur les finances […] Il faut que de grands génies travaillent nuit et jour ; qu'ils enfantent sans cesse, et avec douleur , de nouveaux projets ; qu'ils écoutent les avis d'une infinité de gens qui travaillent pour eux sans en être priés ; qu'ils se retirent et vivent dans le fond d'un cabinet impénétrable aux grands, et sacré aux petits; qu'ils aient toujours la tête remplie de secrets importants, de desseins miraculeux, de systèmes nouveaux; et qu'absorbés dans les méditations, ils soient privés de l'usage de la parole, et quelquefois même de celui de la politesse.

[…] La France, à la mort du feu roi, était un corps accablé de mille maux : Noailles prit le fer à la main, retrancha les chairs inutiles, appliqua quelques remèdes topiques. Mais il restait toujours un vice intérieur à guérir. Un étranger est venu qui a entrepris cette cure : après bien des remèdes violents, il a cru lui avoir rendu son embonpoint ; et il l'a seulement rendue bouffie.

Tous ceux qui étaient riches il y a six mois sont à présent dans la pauvreté ; et ceux qui n'avoient pas de pain regorgent de richesses. Jamais ces deux extrémités ne se sont touchées de si près. L'étranger a tourné l'état comme un fripier tourne un habit : il fait paraitre dessus ce qui était dessous ; et ce qui était dessus il le met à l'envers. Quelles fortunes inespérées, incroyables même à ceux qui les ont faites ! Dieu ne tire pas plus rapidement les hommes du néant. Que de valets servis par leurs camarades, et peut-être demain par leurs maîtres !

Tout ceci produit souvent des choses bizarres.

Les laquais, qui avoient fait fortune sous le règne passé, vantent aujourd'hui leur naissance : ils rendent à ceux qui viennent de quitter leur livrée dans une certaine rue, tout le mépris qu'on avait pour eux il y a six mois : ils crient de toutes leurs forces : La noblesse est ruinée ! quel désordre dans l'état! quelle confusion dans les rangs ! on ne voit que des inconnus faire fortune ! Je te promets que ceux - ci prendront bien leur revanche sur ceux qui viendront après eux, et que dans trente ans ces gens de qualité feront bien du bruit.

     De Paris, le premier de la lune de Zilcadé, 1720.
 
 
 
Montesquieu (1689-1755), Lettres persanes, 1721.

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29 septembre 2024 7 29 /09 /septembre /2024 14:31

"Chez moi, je me détourne un peu plus souvent à ma librairie, d’où, tout d’une main, je commande mon ménage : Je suis sur l’entrée ; et vois sous moi, mon jardin, ma basse-cour, ma cour, et dans la plupart des membres de ma maison. Là je feuillette à cette heure un livre, à cette heure un autre, sans ordre et sans dessein, à pièces décousues : Tantôt je rêve, tantôt j’enregistre et dicte, en me promenant, mes songes que voici. Elle est au troisième étage d’une tour. Le premier, c’est ma chapelle, le second une chambre et sa suite, où je me couche souvent, pour être seul. Au-dessus, elle a une grande garde-robe. C’était au temps passé, le lieu plus inutile de ma maison. Je passe là et la plupart des jours de ma vie, et la plupart des heures du jour. Je n’y suis jamais la nuit." (Les Essais, III, 3, 828 ; 1294)

Et quelle émotion pour une lectrice d'aujourd'hui d'emprunter ces marches usées par le temps et par les pas de Montaigne ! 

Dans cette tour, jonction de trois tours dont deux sont effondrées, Montaigne avait sa chapelle où, fervent catholique, il écoutait jusqu'à cinq messes par jour à l'abri des protestants, même s'il jouait le rôle d'un conciliateur entre catholiques et protestants en essayant de rapprocher Henri III et son beau-frère Henri de Navarre, futur Henri IV.  De cette chapelle, ornée de trompe-l'œil, un passage était ménagé pour que les sons de la messe circulent de bas en haut, de la chapelle à la chambre. Ainsi, lorsque la gravelle (calculs rénaux) le clouait au lit, il ne manquait pas les messes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au premier étage, la chambre où il pouvait se reposer et le "le lieu plus inutile de [la] maison" c''est à dire la garde-robe, percée d'une trappe pour faire descendre les malles en vue des voyages en Italie, Suisse ou Allemagne.

 

 

 

 

 

 

 

Dans le coin, un petit réduit où Montaigne se cachait des visiteurs importuns lorsqu'il décidait de les ignorer. "Misérable à son gré qui n’a chez soi où être à soi, où se faire particulièrement la cour, où se cacher !L’ambition paie bien ses gens de les tenir toujours en montre, comme la statue d’un marché : “magna servitus est magna fortuna ”. Ils n’ont pas seulement leur retrait pour retraite. "

À l'étage supérieur enfin, la fameuse bibliothèque dont il ne reste désormais que le souvenir et quelques livres au musée de Bordeaux ! lorsque Montaigne s'y retire, en 1571 après le décès de son ami Etienne de la Boétie, c'est pour écrire les Essais qu'il a dictés à un scribe avant de le faire à une scribe privilégiée, Marie Le Jars de Cournay, sa fille adoptive, très cultivée et féministe avant l'heure (Montaigne avait pourtant eu cinq filles) 

Au plafond sur les poutres, on voit encore très nettement les inscriptions de citations en latin et en grec, lisibles en marchant de droite à gauche comme de gauche à droite, tremplins pour la réflexion ou points d'appui pour cet auteur qui pensait en déambulant ! "Mes pensées dorment, si je les assis. Mon esprit ne va pas seul, comme si les jambes l’agitent. Ceux qui étudient sans livre, en sont tous là."(Les Essais, III, 3,828 ; 1294)

 

De sa tour, Montaigne avait une vue sur tout le château où les domestiques devaient tous parler latin, comme leur maitre !  Son épouse, ses filles et ses domestiques vivaient dans ce château acheté par le grand-père de Montaigne, Ramon Eyquem, négociant bordelais, qui accédait ainsi au statut de « seigneur de Montaigne ». Ce château a subi depuis de multiples transformations, en particulier après le rachat par la famille Magne au XIXe s puis les descendants de la famille Mähler-Besse  :

Le parc autour du château a été dessiné par Montaigne et comme il est situé entre Bergerac et Saint-Emilion, il possède aussi un domaine viticole depuis le XIXe siècle et l'on peut donc y déguster des AOC Bergerac "les Essais" sans oublier de les lire et d'en extraire "la substantifique moelle" comme l'aurait recommandé Rabelais !

 

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16 juillet 2023 7 16 /07 /juillet /2023 10:17

Un sonnet mince n’est pas un sonnet monosyllabique. Il est en vers les plus courts possible. L’ordre des rimes y est transformé en ordre de mots-clés, comme dans la sextine ou la redonde.Voir Jacques Jouet, Petites boîtes, sonnets minces et autres rigueurs, La Bibliothèque oulipienne n°134, 2004.

Mignonne Rondes Bergère On cherche
Allons Gouttes Ô Aussi
Allons Gouttes Ô Aussi
Mignonne Rondes Bergère On cherche
       
Mignonne Rondes Bergères On cherche
Allons Gouttes Ô Aussi
Allons Gouttes Ô Aussi
Mignonne Rondes Bergère On cherche
       
Voir Innocentes Tour Eiffel Nous autres
Voir Innocentes Tour Eiffel Nous autres
Si Adieu Le Troupeau  Le grand
       
La rose Gouttes Des ponts  Secret
La rose Gouttes Des ponts  Secret
Si Adieu Le Troupeau  Le Grand

 

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15 juillet 2023 6 15 /07 /juillet /2023 18:57

Un À supposer… est un texte en prose (mais peut-être un poème en prose) composé d’une phrase unique très développée, initiée par la formule : « À supposer qu’on me demande ici de… » Pas de ponctuation forte au milieu de la phrase, qui laisserait entendre qu’il y a plusieurs phrases. Un À supposer… sérieux compte au moins 1 000 signes (200 mots).

 

À supposer qu’on me demande ici de défendre mon choix d’un livre, pour qu’il soit publié ou qu’il soit republié avec éventuellement des illustrations qui en feraient par exemple un roman graphique, je me trouverais confrontée à un choix très difficile, voire à un dilemme cornélien que très peu de mes amis ou de mes relations seraient capables de relever à tel point que ce choix nécessiterait sans doute des heures des jours, des semaines, des mois, des années même, car il reviendrait à écarter des dizaines d’autres possibles si bien que j’y réfléchirais longuement et tergiverserais beaucoup entre un roman qui fait rêver, qui tient en haleine et vous emporte tout en vous faisant réfléchir tel Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez ou alors Guerre et Paix de Léon Tolstoï à moins que ce ne soit Anna Karenine, mais pourquoi pas aussi A la recherche du temps perdu de ce cher Marcel Proust, ou encore les Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar, ou bien La vie devant soi de Romain Gary, à moins que ce soit Belle de seigneur d’Albert Cohen, mais pas de raison de se cantonner aux romans quand il y a aussi Henry Michaux et La nuit remue ou Verlaine et ses Romances sans paroles sans oublier les inénarrables Cronopes et Fameux de Julio Cortazar et j’en passe, mais déjà, je m’en mords les doigts si bien que, oui, vraiment, je démissionne !

237 mots, 1364 caractères

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14 juillet 2023 5 14 /07 /juillet /2023 21:50

Liste de courses :
Anchois, bar, cabillaud, dix épinochettes, faux grenadier, hareng insensiblement jaspé, kakis laqués, melon, noix ou petites quetsches, raisins secs, tout une vasque, whisky, xérès, yaourts, zinnias.

Instant saisi :

Arnold ! Bonsoir ! Comment dire ? En fait, Gérald hurle ici : "Joli Kiwi ! lis ma nouvelle œuvre poétique qui rimaille surtout tes usages vérécondieux !

_Waou ! Xavier, zoome !

 

 

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12 juillet 2023 3 12 /07 /juillet /2023 20:45

mots à inclure : été-émeute- accident-  roses trémières-soleil -assurance-voyage -Italie- avion -persiennes -chaleur -dormir _partir -créer -se rafraîchir-

Partir

loin des émeutes, des accidents, des avions qui décollent dans un vrombissement d'enfer, de la chaleur insupportable de ce soleil d'été

Partir

en Italie, en Albanie, ou en Lituanie, se défraîchir dans la pénombre des persiennes closes qui filtrent le parfum léger des roses trémières

Partir

dans un voyage sans retour où l'assurance de créer du nouveau nous gardera éveillés jusqu'au matin, sans songer à dormir.

 

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8 mai 2023 1 08 /05 /mai /2023 12:56

La maison était à l’abandon jusqu’à ce qu’une collecte de l’association des amis de Colette réunisse assez d’argent pour la reconstituer ainsi que les jardins à l’identique. Des aides de l’État intervenues ensuite ont permis de refaire dans les règles de l’art de l’époque tapis, rideaux, tapisseries et de racheter meubles et objets que les villageois s’étaient empressés d’acquérir quand les Colette ont été ruinés. Des mécènes ont aussi apporté verres gravés aux initiales des Colette, assiettes, tapisseries et vitres soufflées à la main. Les Colette trop différents étaient mal aimés des villageois et quand Colette a publié ses livres où ils se reconnaissaient, ils l’ont carrément haïe ! C’est paradoxalement grâce à cela que plusieurs objets ont été retrouvés et ont pu reprendre leur place.

On peut désormais se promener dans la maison et les jardins comme si Sido ou Colette allait surgir. Seul regret : je suis passée trop tôt dans l'année. Il manquait les parfums des fleurs.

Voici donc la maison de Sido où Colette vécut sa jeunesse :

Entrons d'abord, de l'autre côté de la rue, dans le "jardin d'en face". Le premier mari de Sido avait en effet acheté le terrain pour éviter toute construction en vis à vis.

Dans ce jardin, trône la pivoine abritée par le haut mur de pierre qui sépare la maison du capitaine de celle de Sido.

Puis traversons la rue pour accéder à l'escalier boiteux qui mène à la maison : cet escalier a plus de marches d'un côté que de l'autre, car il suit la pente de la rue. Un corridor mène d'un côté au salon et à la salle à manger, de l'autre à la cuisine.  

Dans la cuisine, qui s'ouvre sur "le jardin d'en haut", une cuisinière de faïence bleue rappelle l'originale et, sur la table, le cadeau que Sido avait reçu lors de son mariage et qu'elle avait transmis à Colette lors du mariage de celle-ci avec Willy.

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
Un petit tour dans la salle à manger nous rappelle que la famille Colette vivait bourgeoisement avec jolie vaisselle, verres gravés à ses initiales, nappe brodée même si cette famille vivait à part, sans recevoir : autour de la table, les six chaises suffisent à occuper l'espace.

 

Dans le salon, le piano de la famille rappelle que Colette était aussi une excellente musicienne tandis que sur la table, comme jeté négligemment, il y a un instant, le chapeau de Sido côtoie une partie de dominos tout juste abandonnée ! Dans un coin, la somptueuse commode, dépense somptuaire du capitaine à Sido !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Du salon, nous arrivons à la chambre de Sido et du capitaine : sur la table de nuit trône la chocolatière de Sido : "Mais je verserai ma mince contribution au trésor des connaissances humaines, en mentionnant l’araignée que ma mère avait — comme disait papa — dans son plafond, cette même année qui fêta mon seizième printemps. Une belle araignée des jardins, ma foi, le ventre en gousse d’ail, barré d’une croix historiée. Elle dormait ou chassait le jour, sur sa toile tendue au plafond de la chambre à coucher. La nuit, vers trois heures, au moment où l’insomnie quotidienne rallumait la lampe, rouvrait le livre au chevet de ma mère, la grosse araignée s’éveillait aussi, prenait ses mesures d’arpenteur et quittait le plafond au bout d’un fil, droit au-dessus de la veilleuse à huile où tiédissait, toute la nuit, un bol de chocolat. Elle descendait, lente, balancée mollement comme une grosse perle, empoignait de ses huit pattes le bord de la tasse, se penchait tête première, et buvait jusqu’à satiété. Puis, elle remontait, lourde de chocolat crémeux, avec les haltes, les méditations qu’imposent un ventre trop chargé, et reprenait sa place au centre de son gréement de soie…" écrit Colette dans La maison de Claudine.

La chambre de Colette enfant jouxte celle de ses parents : Sido l'avait fait aménager spécialement pour toujours garder un œil sur sa petite Minet-Chérie.

« Sa moisson de hauts roseaux, fauchés chaque année, ne séchait jamais tout à fait avant qu'on la tressât grossièrement en tapis. Ma chambre d'adolescente n'avait pas, sur son froid carreau rouge, d'autre confort, d'autre parfum que cette natte de roseaux. Verte odeur paludéenne, fièvre des étangs admise à nos foyers comme une douce bête à l'haleine sauvage, je vous tiens embrassée encore, entre ma couche et ma joue, et vous respirez en même temps que moi. » Colette, Mes apprentissages.

Colette était impatiente de quitter cette petite chambre pour s'installer dans la chambre bleue, occupée par sa demi-sœur.

Mais pour finir le tour de la maison, impossible d'oublier, à l'étage, le bureau du capitaine, lieu où il s'enfermait des journées entières pour écrire alors qu'il avait démissionné de son poste de collecteur des impôts qui lui avait été confié en récompense de ses prouesses militaires.  Le capitaine achetait quantité de papier et outils d'écriture sans que Sido ne voie jamais le moindre résultat de ce labeur. Colette, enfant, lisait Balzac, assise sur le petit banc au coin du secrétaire et voyait le capitaine au travail. Pourtant, à son décès, le frère aîné de Colette ne put de trouver que des volumes aux pages blanches avec juste un titre en couverture et une page de dédicace à Sido !  

 

Ainsi s'achève le petit tour de la maison d'enfance de Colette.

Alors descendons jusqu'au hall et sortons pour découvrir le petit paradis de Sido, le jardin ou plus précisément “le jardin haut” pour les fleurs et les arbres puis “le jardin bas” où poussaient melons et pastèques, cultures bien exotiques dans cette région, mais adaptées aux goûts du capitaine venu de Toulon après sa carrière militaire.

 

 

 

«Sido aimait au jardin le rouge, le rose, les sanguines… »
 
Il faudra que j’y revienne quand les rosiers Cuisse de nymphe émue seront en fleurs !
 
Colette aimait les pensées noires. C'était à l'époque la mode des fleurs noires, pensées, tulipes ou roses.
 
 
À l'entrée du jardin du bas, la glycine continue à épouser le grand if jusqu'au surplomb de la rue !

A son sujet, Colette écrivait dans Pour un herbier en 1951 : "  « J’espère bien qu’elle est encore vivante, qu’elle le sera longtemps, cette despote au moins deux fois centenaire, florissante, incoercible, la glycine qui hors de mon jardin natal s’épanche au-dessus de la rue des Vignes »

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13 octobre 2020 2 13 /10 /octobre /2020 15:56

Toi, je t'aimais, je t'aimais, je t'aimais, je t'aimais. Toi et ta petite musique, ta mélodie, que dis-je ? ta symphonie ! J'aimais ta physionomie souple et sinueuse, tes articulations rondes ou élancées. Surtout j'aimais  tes intonations précises, tes folles connotations lorsque tu échappais aux litanies  pour épouser tes semblables et former images, métaphores et autres figures audacieuses.

Et puis de toi, j'ai tout aimé. J'ai aimé tes jeux, des calembours aux contrepèteries, tes allitérations évocatrices _ Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?"_ tes assonances  si langoureuses - "Les sanglots longs des violons de l'automne"_ J'ai aimé quand tu te faisais tout petit : Oh ! Ah ! Zut ! Chic ! Clac ! Boum ! et même quand tu t'enflais démesurément en anticonstitutionnellement.

J'ai détesté lorsque soudain ils t'ont rendu pauvre, triste, usé. Tu t'es réduit à chose, machin, truc ou encore à avoir, être, faire, dire. Tu t'es désarticulé en diérèses folles et synérèses improbables. Je n'ai pas du tout aimé lorsque tu t'es laissé entrainer en homéotéleutes absurdes : heure, demeure, beurre.  Surtout je n'ai pas aimé quand tu as failli perdre à la fois ton sens et ta musique.

Maintenant, quand j'y repense, je me dis que sans toi, moi je ne suis rien. Rien, même pas une suite de signes alignés sur une page, même pas une note dans une mélodie. Rien de rien.

Alors, reviens, même pauvre, triste et usé. Ensemble, on a encore tant de mondes à inventer.

 

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11 juillet 2020 6 11 /07 /juillet /2020 14:10

Toi je t'aimais, je t'aimais, je t'aimais. Toi et tes grandes ailes blanches étendues sur le bleu du ciel, tes ailes battant l'air avec indolence, ton corps fuselé à la manière de la carlingue d'un Concorde, ta petite tête tendue vers l'avenir, tes cris au loin, si haut dans le ciel... m'appelais-tu ? Me voyais-tu ? De si haut ? Tu tournoyais dans le ciel bleu comme ivre de liberté et tu criais de toutes tes forces, je t'écoutais et j’entendais LI BER TÉ LI BER TÉ LI BER TÉ. 

Et puis de toi, j'ai tout aimé, cette façon de frôler la terre et de brusquement regagner les nuages,  de faire des allers-retours au-dessus de ma tête, de te laisser entraîner dans les courants d'air en vols planés puis de foncer vers on ne sait quelle chimère  par de brusques accélérations, j'ai aimé la blancheur immaculée de tes plumes lavées par les pluies et les vagues, l'insolence de tes cris comme des rires d'enfants.

J'ai détesté ce jour où tu as soudain pris l'initiative de me saisir dans ton bec et de m'entraîner, moi qui n'avais jusque-là rien vu d'autre que ma petite motte de terre brune, vers l'azur éthéré ! je sentais l'air me frapper les oreilles avec une violence si inouïe que j'étais sur le point de m'évanouir surtout qu'en plus, il faut l'avouer, ton bec me pinçait terriblement ! Et pas possible d'en parler, tu ne pouvais pas ouvrir le bec et moi, j'avais comme un gros chat au fond de la gorge ! 

Maintenant quand j'y repense, je réalise que sans toi, jamais je n'aurais pu quitter ma petite motte de terre pour traverser l'azur. Je garde encore un souvenir ému de ce grand voyage dans ton bec. Un jour, j'espère, toi ou tes frères, l'un de vous me remarquera encore et me permettra de revivre ce vertigineux voyage.

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24 mars 2020 2 24 /03 /mars /2020 22:54

Luis Borgès présentait ainsi l'aleph

Je vis la mer populeuse, l’aube et le soir, , les foules d’Amérique, une toile d’araignée au centre d’une noire pyramide, un labyrinthe brisé (c’était Londres), je vis des yeux tout proches, interminables, qui s’observaient en moi comme dans un miroir, je vis tous les miroirs de la planète et aucun ne me refléta, je vis dans une arrière-cour de la rue Soler les mêmes dalles que j’avais vues il y avait trente ans dans le vestibule d’une maison à Fray Bentos, je vis des grappes, de la neige, du tabac, des filons de métal, de la vapeur d’eau, je vis de convexes déserts équatoriaux et chacun de leur grain de sable, je vis à Inverness une femme que je n’oublierai pas, je vis la violente chevelure, le corps altier, je vis un cancer à la poitrine, un cercle de terre desséchée là où auparavant il y avait eu un arbre,. (…)

A sa manière, construisons notre aleph

Je vis des oiseaux volés dans le ciel ensoleillé, une plaine remplie d’animaux sauvages de la savane. Je vis des enfants sourire et jouer sans en avoir quoi que ce soit à manger. Je vis la mer agitée, le flot des vagues se lever, les arbres bouger, les feuilles s’envoler, le feu se propager dans la maison brûlée. Je vis le bateau prendre le large au loin de l’océan. Je vis les nuages gris remplis de pluie. Je vis le soleil se lever à l’Aurore.

Aurore

Je vis le paysage, les champs à perte de vue, les petites maisons de campagne, des oiseaux qui n'arrêtaient pas de chanter. Je vis des arbres bouger avec le vent et se débarrasser de leurs feuilles. Je vis des tracteurs dans les champs.

Gwenn

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